Quel futur pour l’olfaction ?
- Lucie Cormons
- 8 avr. 2020
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 11 janv. 2021
L’odorat a figuré pendant longtemps comme le parent pauvre des 4 sens (Jaquet, 2010). Et pourtant, l’odorat possède de nombreuses qualités telles qu’il permet l’analyse de l’environnement en prévenant des dangers (feux, aliments périmés, etc.), a un caractère hédonique important, est un lien fort avec les souvenirs, influence les relations sociales et a un impact sur les comportements alimentaires (Ehrlichman et Bastone, 1992).
Lorsque ce sens est défaillant, on parle de disosmie. Le terme anosmie est utilisé lorsque la perte de l’odorat est totale et on nomme hyposmie lorsque la perte est partielle. Les troubles de l’odorat concernent environ 19.1% de la population (Brämerson, Johansson, Ek, Nordin, & Bende, 2004). Les conséquences de ce handicap sont significatives avec des problèmes liés à la sécurité (fuites de gaz, feu, etc.) (Bonfils, Faulcon, Tavernier, Bonfils, & Malinvaud, 2008), et à l’hygiène du corps et du foyer. Le taux de dépression s’élève à 43%, 50% des patients se sentent en colère et stressés, enfin 47% disent se sentir isolés. Autant de situations qui réduisent la volonté de se prêter aux sorties de groupe (20%). Pour finir, 38% reportent que leur problème d’odorat a affecté leurs relations intimes (Croy, Nordin, & Hummel, 2014).
Associé à une négligence sociale du trouble et de ses conséquences, le corps médical n’a pas grande réponse à apporter car peu de solutions médicales existent (Haxel, Nisius, Fruth, Mann, & Muttray, 2012). Il en va de même avec l’absence de solutions technologiques disponibles. Toutefois, une société a mis au point une technologie capable d’analyser les odeurs. Ce prototype (NeOse) ne rend pas l’odorat mais est capable de donner des informations olfactives formelles.

Il se présente sous la forme d’un appareil portatif fonctionnant à l’aide d’un smartphone équipé d’une application qui permet d’utiliser les différentes fonctionnalités dont les 3 principales sont : reconnaître un panel d’odeurs répertoriées dans une bibliothèque, donner une indication sur la présence d’une odeur et sur son intensité. Des applications quant aux odeurs corporelles (aisselles, haleine, pieds) et au diagnostic d’aliments périmés sont en cours de développement. Ce type d'appareil technologique sont a envisagé sous l'angle d'un nouveau comportement de santé. Grâce à ses fonctionnalités, NeOse peut venir en soutien au quotidien sur un versant pragmatique (e.g. aide aux tâches) et émotionnel (e.g soutien social, abaissement du stress lié à ses odeurs, contrôle de son environnement). De plus, l’utilisation de la technologie peut amener à faire connaître et reconnaître ce trouble au plus grand nombre.
Cette thématique innovante a des implications tant sociétales, médicales que technologiques. L’olfaction et ses préoccupations pourraient avoir un impact important sur le futur de la digitalisation de l’odorat car le dispositif induit un nombre d’usages exponentiels tant pour les industries que pour les particuliers (sauvegarde des odeurs de type bibliothèque olfactive, diffusion d’odeur à la demande selon l’état émotionnel, surveillance de sa propre odeur, etc.).
Rédigé par Lucie Cormons, Michel Dubois et Vincent Mangematin
Bibliographie
Bonfils, P., Faulcon, P., Tavernier, L., Bonfils, N. A., & Malinvaud, D. (2008). Accidents domestiques chez 57 patients ayant une perte sévère de l’odorat. La Presse Médicale, 37(5), 742‑745. https://doi.org/10.1016/j.lpm.2007.09.028
Bornet, C., & Brangier, E. (2013). La méthode des personas: principes, intérêts et limites. Bulletin de psychologie, (2), 115–134.
Brämerson, A., Johansson, L., Ek, L., Nordin, S., & Bende, M. (2004). Prevalence of Olfactory Dysfunction: The Skövde Population-Based Study. The Laryngoscope, 114(4), 733–737.
Brangier, E. (2002). L’assistance technique comme forme de symbiose entre l’homme et la technologie.
Croy, I., Nordin, S., & Hummel, T. (2014). Olfactory disorders and quality of life—an updated review. Chemical Senses, 39(3), 185–194.
Haxel, B. R., Nisius, A., Fruth, K., Mann, W. J., & Muttray, A. (2012). Defizite der ärztlichen Beratung bei Riechstörungen. HNO, 60(5), 432‑438. https://doi.org/10.1007/s00106-011-2448-z
Venkatesh, V., Morris, M. G., Davis, G. B., & Davis, F. D. (2003). User acceptance of information technology: Toward a unified view. MIS quarterly, 425–478.
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